Conséquences d’un excès de zinc chez l’équidé

Le zinc, un oligo-élément essentiel devenu toxique

Le zinc est un oligo-élément essentiel pour les équidés, jouant un rôle crucial dans de nombreux processus physiologiques. Il est indispensable à la croissance, au développement musculaire, à la reproduction, à la cicatrisation et au bon fonctionnement du système immunitaire. Pour un cheval adulte, l'apport quotidien recommandé en zinc est compris entre 50 et 100 mg. Cependant, un excès de zinc peut devenir un danger méconnu, pouvant entraîner des troubles graves et parfois irréversibles chez les chevaux.

Sources et voies d'absorption d'un excès de zinc

Sources alimentaires

• Les aliments concentrés riches en zinc, comme les céréales, les tourteaux et les compléments alimentaires, sont souvent à l'origine d'un apport excessif. Par exemple, un kilogramme de maïs contient environ 20 mg de zinc, ce qui représente une quantité non négligeable pour un cheval.
• Les aliments contaminés par des métaux lourds, comme les sols pollués par des activités industrielles ou agricoles, peuvent également être une source importante d'intoxication au zinc. Un sol contaminé par du zinc peut contaminer les fourrages et l'eau de boisson des chevaux.

Sources environnementales

• La pollution industrielle et agricole, notamment les rejets d'eaux usées et l'épandage de boues, peut contaminer les pâturages et les points d'eau des chevaux. Il est donc important de choisir des pâturages situés à distance des zones industrielles et agricoles polluantes.
• Les matériaux de construction et d'aménagement des écuries, comme la galvanisation et certaines peintures, peuvent également libérer du zinc dans l'environnement. Il est conseillé de privilégier les matériaux non toxiques pour l'aménagement des écuries.

Absorption et accumulation

Le zinc est absorbé dans l'appareil digestif du cheval. Cependant, l'absorption peut varier en fonction de plusieurs facteurs, dont l'âge du cheval, son statut physiologique et la présence d'autres métaux lourds dans son alimentation. Une fois absorbé, le zinc s'accumule dans différents tissus et organes, notamment le foie, les reins et le pancréas.

Symptômes d'une intoxication au zinc chez l'équidé

Symptômes gastro-intestinaux

• L'anorexie (manque d'appétit), la diarrhée, les vomissements (rares chez les équidés) et les douleurs abdominales sont les symptômes les plus fréquents d'une intoxication au zinc. Ces symptômes peuvent être observés chez les chevaux de tous âges, mais ils sont plus fréquents chez les jeunes animaux.
• Ces symptômes sont liés à l'inflammation de la muqueuse digestive et aux déséquilibres enzymatiques provoqués par l'excès de zinc. L'inflammation peut entraîner des ulcères gastro-intestinaux, ce qui explique les douleurs abdominales.

Symptômes hépatiques

• L'ictère (jaunisse), l'hépatomégalie (foie grossi) et les troubles de la coagulation sont des signes d'une atteinte hépatique importante. Ces symptômes peuvent être observés chez les chevaux qui ont été exposés à une forte dose de zinc pendant une période prolongée.
• L'accumulation du zinc dans le foie altère sa fonction et peut conduire à une insuffisance hépatique. Le foie est un organe vital qui joue un rôle crucial dans l'élimination des toxines de l'organisme. Une insuffisance hépatique peut entraîner de graves complications et même la mort.

Symptômes rénaux

• L'oligurie (diminution de la production d'urine), la polyurie (excès de production d'urine) et l'hématurie (sang dans les urines) sont des signes d'une atteinte rénale. Ces symptômes peuvent être observés chez les chevaux qui ont été exposés à une forte dose de zinc pendant une période prolongée.
• L'accumulation du zinc dans les reins altère leur fonction filtrante, ce qui peut entraîner une insuffisance rénale. Les reins sont des organes essentiels qui filtrent le sang et éliminent les déchets de l'organisme. Une insuffisance rénale peut entraîner de graves complications et même la mort.

Symptômes neurologiques

• Les tremblements, l'incoordination, l'ataxie (perte de coordination), les convulsions et la léthargie peuvent être observés en cas d'intoxication au zinc. Ces symptômes sont liés à l'impact du zinc sur le système nerveux central, pouvant entraîner des troubles neurologiques importants.
• Dans les cas les plus graves, l'intoxication au zinc peut entraîner une paralysie et même la mort.

Symptômes respiratoires

• Les difficultés respiratoires, la toux et la bronchite chronique peuvent être des conséquences de l'accumulation du zinc dans les poumons. Ces symptômes peuvent être observés chez les chevaux qui ont été exposés à une forte dose de zinc pendant une période prolongée.
• L'inflammation des voies respiratoires peut être exacerbée par un excès de zinc. L'inflammation des poumons peut entraîner une pneumonie, une maladie grave qui peut mettre la vie du cheval en danger.

Symptômes osseux

• Un excès de zinc peut interférer avec le métabolisme du calcium et du phosphore, entraînant un ralentissement de la croissance, des anomalies osseuses et une fragilisation des os. Ces symptômes sont plus fréquents chez les jeunes chevaux en croissance.

Diagnostic et traitement de l'intoxication au zinc

Le diagnostic d'une intoxication au zinc peut être difficile car les symptômes sont non spécifiques et peuvent être confondus avec d'autres pathologies. L'analyse sanguine permet de doser le zinc sanguin et de rechercher d'autres indicateurs de l'intoxication, comme les enzymes hépatiques et les paramètres rénaux. L'analyse d'urine permet de doser le zinc urinaire. Dans certains cas, une biopsie hépatique peut être réalisée pour confirmer le diagnostic et évaluer l'atteinte hépatique.

Le traitement de l'intoxication au zinc repose sur la suppression de la source d'intoxication, la mise en place d'un régime alimentaire pauvre en zinc et le traitement symptomatique. La chelation, qui consiste à utiliser des produits pour éliminer le zinc de l'organisme, peut être utilisée dans certains cas. Le pronostic est variable et dépend de la gravité de l'intoxication et de la rapidité du diagnostic. Plus l'intoxication est détectée tôt, meilleures sont les chances de rétablissement du cheval.

Prévention de l'intoxication au zinc chez l'équidé

Alimentation

• Un apport équilibré en zinc, adapté aux besoins du cheval, est essentiel. Il est important de choisir des aliments concentrés de qualité, à faible teneur en zinc. Les céréales doivent être utilisées avec parcimonie. Une alimentation riche en fibres, comme l'herbe et le foin de bonne qualité, est recommandée. Il est également important de diversifier l'alimentation du cheval en lui offrant des aliments riches en nutriments essentiels, comme des fruits et légumes.
• Il est important de surveiller la qualité de l'eau et des fourrages, en s'assurant qu'ils ne sont pas contaminés par des métaux lourds. L'analyse de l'eau et des fourrages peut être réalisée par un laboratoire spécialisé. Si l'eau ou les fourrages sont contaminés, il est important de trouver une source d'eau et de fourrage non contaminés.

Environnement

• Il faut éviter d'exposer les chevaux à des sources de pollution environnementale. La proximité d'industries ou de sites agricoles polluants est à proscrire. Un environnement propre et sain est essentiel pour la santé des chevaux.
• Choisir des matériaux d'aménagement des écuries à faible teneur en zinc, comme les matériaux en bois ou en acier inoxydable. Il est important de choisir des matériaux non toxiques pour l'aménagement des écuries. L'utilisation de matériaux galvanisés est à éviter.

Vigilance et suivi

• Il est important de surveiller régulièrement les signes d'une intoxication au zinc chez les chevaux. La moindre anomalie doit alerter l'éleveur. Il est important de consulter un vétérinaire rapidement en cas de suspicion d'intoxication au zinc. Le vétérinaire pourra poser un diagnostic précis et mettre en place le traitement approprié.